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LES BOUSBOTS : DES HUGUENOTS AU TRICOT

D’abord, histoire de faire un peu d’… histoire, le pourquoi du comment de l’enseigne. Ensuite, histoire de faire un peu de socio, comment recréer un vrai bar de quartier.

© Les Bousbots Bar.

Bousbots ?  C’est le surnom (enfin, pour faire on a un tout petit peu de vocabulaire, écrivons gentilé) que portent les habitants de Battant depuis le XVIe siècle. Tu ne connais pas l’histoire ? Allez, on te la raconte. 1575 : les relations entre catholiques et protestants sont déjà très-très tendues et le 20 juin, les Bisontins qui ont adopté la foi nouvelle décident de reconquérir la ville dont ils ont été virés. Mais même avec le soutien de Montbéliardais, eux aussi acquis depuis quelque temps au protestantisme, tout ne se passe pas vraiment comme ils l’espéraient. En fuyant, au cœur de la nuit, la Boucle, les troupes protestantes se heurtent à la herse de la (aujourd’hui disparue) porte Battant. Et les Huguenots (autre surnom… celui là pour les protestants) n’ont d’autre solution que de plonger dans le Doubs. Et là, on quitte l’histoire (avec un grand H) pour la légende : il se raconte que pour faire flipper les solides vignerons de Battant qui n’avait pas trop envie que les Huguenots sortent de l’eau, les soldats protestants avaient empalé des crapauds sur des pieux. Ça n’a pas vraiment marché… Et, en souvenir de la résistance des habitants de Battant, la contraction de deux mots du patois local,  « bous » (pour pousse) et « bots » (pour crapauds) a donné Bousbots… 

Légendes locales

Cette histoire-légende, Julien (alias -on reste dans les surnoms- Juju ou l’infirmier de Battant) l’a découverte chez une de ses patientes. Et quand, un peu par hasard (l’infirmier cherchait, à l’origine, un cabinet), il a, avec le petit frangin Baptiste, décidé d’ouvrir un bar, la question de l’enseigne ne s’est donc pas trop posée. Et d’autres histoires, les murs des Bousbots en auraient sûrement plein à te raconter. Parce que ce bistrot est un des plus vieux de Besançon. Ouvert en 1922, pour accueillir les cheminots (c’était d’ailleurs son enseigne…) de la gare Viotte entre comptoir et chambres à l’étage, il est ensuite devenu une institution de la rue, tout aussi connue pour son nom (L’Embuscade…) que pour le Franco qui se tenait derrière le comptoir. Il se raconte même que (pour en remettre une couche dans le genre lieu mythique), le célèbre boxeur bisontin Jean Josselin avait, à une époque, également mis quelques billes dans l’affaire.

© Les Bousbots bar.

Jusqu’à ce que Julien en pousse la porte, le lieu était, toutefois, resté fermé une bonne dizaine d’années. Mais après de réels travaux, il est redevenu ce qu’il a toujours été. Un vrai bar de quartier. Où une bonne partie des habitant(e)s de Battant a, dès l’ouverture, décidé de se poser. Entre les deux tables installées sur la rue pour dire qu’il y a une terrasse et le comptoir où si veux rester debout, il vaut mieux mesurer 1,90 m (mais, t’inquiète, il y a des tabourets). Aux Bousbots, se croisent ceux qu’on salue souvent à d’autres comptoirs du quartier, les voisins-voisines qui passent pour le café du matin avant d’ouvrir la grille de leurs commerces, une étudiante qui vient fignoler un mémoire, une mamie qui gratte ses jeux…  Frida Kahlo contemple tout ce petit monde et la salle plutôt déco entre papier peint façon jungle, pompes à bières à l’ancienne, mobilier post indus…

Un bar qui tourne au mélange

L’idée de Julien, c’était, d’emblée, de créer ce mélange, ces rencontres… Idée qui se développe encore plus depuis, qu’en collab avec le « 97 », tiers-lieu de Battant, Les Bousbots est devenu bar associatif où les décisions sont prises en collectif. Derrière le comptoir s’installent une salariée et, selon les jours, quelques tout aussi accueillant(e)s bénévoles. D’autres associations s’y retrouvent, hors horaires d’ouverture habituels, un partenariat s’est lié avec un lycée pour des activités aussi pédagogiques que solidaires, un club de tricot joue des aiguilles autour des tables… Et des groupes (acoustiques…) commencent à se produire aux Bousbots. Toute une ambiance à partager donc, comme les planches à base de produits tout aussi locaux que les boissons.

F.P.C.

✪ Les Bousbots  : 30, rue Battant (à Battant, pardi). https://bousbotsbar.fr/ Accès : bus ligne 8, arrêt Battant ou tram, lignes 1 et 2, arrêt Battant.