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LEDOUX DANS LE DUR

Petite histoire du premier théâtre municipal de la ville, signé d’un genre de génie de l’architecture dont ce lieu de culture a fini par prendre le nom. Un théâtre à fréquenter aujourd’hui comme il l’a été hier.

Plus trop les mêmes dégaines sous les arcades mais (hormis l’intérieur) ce théâtre n’a pas trop changé. © Mémoire Vive/Ville de Besançon.

C’est un peu notre kiff à La Cédille que de remonter l’histoire. Donc, pour le premier article de cette rubrique « Perles de Culture », il va donc être là, maintenant, tout de suite, question du premier théâtre de Besançon (on a, sciemment, oublié les Romains puis la salle de quelques mille et une places qui existait déjà à Granvelle). Un théâtre élevé, au long de la rue Mégevand, entre 1778 et 1784, sur les plans de Claude-Nicolas Ledoux. Ouaip, le célébrissime architecte, créateur, entre autres, de la saline d’Arc-et-Senans. Un Ledoux qui, d’ailleurs, comme pour la saline, avait fait très fort avec ce théâtre, unique en son genre pour l’époque, largement précurseur même en proposant, notamment, pour la première fois en France, une fosse destinée à l’orchestre. Un Ledoux qui léchait volontiers les bottes de Louis XVI ; à défaut des pompes de Marie-Antoinette : il aurait peut-être dû, la reine en possédait une collec de quelques 500 paires, record largement battu par Imelda Marcos dont les placards débordaient de 3000 chaussures. Mais là, j’sais pas, j’ai tout comme l’impression que l’on s’égare quelque peu …

Sarah et les filles de joie

Revenons à Ledoux qui, s’il était donc bien en cour, s’était pris en pleine tronche les idées des philosophes des Lumières donc avait, dans ce théâtre bisontin, finalement plus ou moins classiquement à l’italienne (comme on dit) prévu des places pour les ouvriers. Parce que quelques siècles avant Jean Vilar (militant du théâtre pour le peuple et fondateur du festival d’Avignon, si tu ressens subitement le besoin de placer une ou deux réf’ culturelles dans un dîner), Ledoux souhaitait « associer à l’instruction publique ceux à qui la fortune ne permet pas d’obtenir des places ». Notre Claude-Nicolas avait même poussé le truc jusqu’à ce que la municipalité y accepte les filles de joie de Battant, tricardes un peu partout ailleurs. La déco était, a priori, assez classieuse, toute étincelante d’or et d’argent avec une méga fresque au plafond. Las, les flammes d’un incendie démarré à l’aube d’un jour du printemps 1958 a détruit l’ensemble. Ne restent de l’architecte que les colonnes du péristyle (Ledoux faisait une grosse fixette sur l’Antiquité) sous lesquelles, soit dit comme ça en passant, s’installe, aux beaux-jours, partie de la terrasse du bar de l’U. La programmation -le théâtre est classé scène nationale- y est toujours aussi impeccable et la salle -évidemment aujourd’hui très contemporaine- toujours aussi remplie, comme, au hasard, en 1881, quand Sarah Bernard y jouait Hernani. Ouais, la pièce signée de notre Victor local. Le monde est petit, finalement, non ?

F.P.C.

La toute fin des travaux de rénovation du théâtre en 2019. © S.I.3A

✪ Théâtre Ledoux  : 29, rue Mégevand (La Boucle). https://les2scenes.fr. Accès : bus lignes 4 et 6, arrêt Granvelle.

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