Accueil / PERLES DE CULTURE / LA M.I.P. : RETOUR À LA CAVE DÉPART

LA M.I.P. : RETOUR À LA CAVE DÉPART

Portrait (enfin, tentative, le mec est un peu spécialiste du genre…) d’un lieu (de plusieurs même) mais aussi et surtout de celui qui les a créé, Patrice Forsans, passionné de longue date de photographie(s) qui, en quelques clics, nous a déjà fait prendre pas mal de claques.

Paris 12e, y’a quelques années déjà. Patrice Forsans a 14 ans, sèche un peu les cours.  À l’occasion et par hasard, dans l’appart du père d’un pote de lycée, il ouvre la porte d’un labo de développement photo. Révélation ! « Waow, waow, waow, c’est ça que je veux faire ». Patrice (Pat, tout court, pour ceux qui le connaissent) découvre donc d’abord la photo avec le développement ; la magie de ce morceau de papier qui, de bain en bain, se transforme en image. L’histoire ne parlera peut-être pas à la génération du tout numérique, mais on l’espère, un peu plus à celles et ceux, légèrement, hum, plus ancien(e)s, qui ont, comme Patrice et l’auteur de ces lignes, fréquenté le club-photo de leur lycée.

Toute la magie d’un labo… © Patrice Forsans. M.I.P.

Mais pour développer, il faut d’abord prendre des clichés. Patrice a toujours 14 ans, accumule les petits boulots, histoire de se payer « un premier boitier, des pellicules, la chimie, le papier ». Dans sa tête, l’histoire est écrite : Patrice sera photographe. Pro. Mais le papa n’est pas franchement d’accord, sinon carrément contre, du genre, c’est pas un métier ça.

Photographier comme un pompier

Pompier, ce n’était pas chez Patrice (comme le veut le cliché, chez beaucoup de garçons), un rêve de gosse. Pourtant, il en coiffe le casque. « Parce que pompier, ça plaisait à mon père » mais aussi et surtout parce que celui qui, toujours et malgré tout, se veut photographe a découvert que la prestigieuse Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris abrite un service dédié. Pas facile, de ce qu’on en sait, de l’intégrer cette Brigade. Pourtant Patrice (qui élude la question en un « ouais, je faisais pas mal de sport à l’époque ») en rejoint les rangs. Avant, quatre ans plus tard, et même s’il est un complet autodidacte, d’intégrer ceux du service photo des Pompiers de Paris. Un vrai boulot de photographe enfin qui lui permet de se créer « quelques réseaux dans le milieu », de faire poser -entre autres…- Étienne Daho devant son objectif. Après ces « belles années » dans la capitale, Patrice « quitte tout, par amour » pour Besançon. Une ville dans laquelle il va développer (c’est le cas de l’écrire…) plusieurs projets. Parce que « pris entre deux feux », Patrice « adore faire de la photographie » mais tout autant « le travail des autres, le montrer, le partager ». En 2006, il ouvre sa première galerie de photographies à Besançon, au 44, Grande Rue et dans une cave d’il y a bien longtemps comme celles qu’en planque pas mal le sous-sol bisontin.

Salut à toi

L’aventure se poursuit ensuite à Battant. Au Marulaz qui, avec Patrice, devient largement plus qu’un bar : le patron de bistrot-photographe y installe d’abord le Studio Marulaz où il tire le portrait de 247 clients et personnages du quartier pour la très (très) belle série Salut à Toi. Puis le Maru devient la Maison pour l’Image et la Photographie (M.I.P. si tu veux faire sigle). Depuis quelques mois, après avoir dit au revoir au Maru, c’est un « retour aux sources » avec l’installation de la M.I.P. dans une cave de la rue Battant, toute en élégantes voûtes et vraisemblablement du XVIe siècle. Patrice a désormais le temps de « produire de la photographie ». Mais son envie de faire découvrir d’autres photographes ne l’a évidemment pas quitté. Quelques œuvres sont déjà accrochées aux vieux murs et Patrice a dans son agenda, sous l’intitulé Les Invités, quelques expos à venir et qu’il (à le rencontrer, on sent vraiment le passionné) se fera un vrai plaisir de partager. La cave accueille également partie de sa collection d’appareils photos vintage et de bouquins consacrés à l’image et à la photographie. Et quand on grimpe les bien usées marches de pierre de l’escalier pour rejoindre, à l’étage, le Bazar de Fanny, quelques rouleaux de pellicules sont en vente. Du genre de ceux que Patrice se payait grâce à ses jobs de lycéen. Un ado d’hier, aujourd’hui toujours aussi fan de l’argentique.

F.P.C.

Le maitre et son œuvre. © M.I.P.

✪ Maison de l’Image et de la Photographie (M.I.P.)  : 33, rue Battant (Battant). Au sous-sol du Bazar de Fanny. https://maison-photographie.com/. Accès : bus ligne 8, arrêt Battant ou tram, lignes 1 et 2, arrêt Battant.