Courte balade au sein de Chamars, le plus vieux jardin urbain de la ville : plusieurs allées, plusieurs ambiances et, si ça vous tente, un parking et un commissariat…

Un Chamars d’autrefois qui ressemble beaucoup (si tu vire les bagnoles dans le fond) à celui d’aujourd’hui. © photo D.R.
La promenade Chamars de son nom officiel (ou Chamars tout court, comme on dit ici), est, mine de rien, le plus ancien jardin urbain de Besac. À l’époque antique, c’était déjà un champ de Mars (campus martis en V.O. d’où, quelques siècles de dérive sémantique plus tard, l’actuelle appellation de Chamars, évidemment…) où paradaient les légions romaines. Romains qui y avaient d’ailleurs construit un temple vraisemblablement dédié à Mars, leur dieu de la guerre (pour ceux qui n’ont pas révisé leur mythologie) ; temple dont il ne reste aujourd’hui même pas un bout de caillou.
Pour Chamars, l’époque du Moyen-Âge est vachement moins cool puisque c’est sur cette terre plus que moins marécageuse (un bras du Doubs y faisait tourner deux-trois moulins) qu’était élevé des buchers pour brûler sorciers et sorcières présumé(e)s. Dont Henriette de Crans, exécutée en 1434, à laquelle une discrète statue signée Anne-Valérie Dupond rend aujourd’hui hommage. Petit saut dans le temps : en 1653, les autorités locales décident de rendre le coin un peu moins glauque. Et une jolie allée de tilleuls est plantée à Chamars, histoire d’offrir aux Bisontin(e)s, un peu d’ombre le temps d’une promenade.
Souvenirs du présent
Mais l’inévitable (à Besançon comme ailleurs), Vauban change la donne en transformant ensuite Chamars en une zone inondable protégée par des bastions. En 1717, les militaires persistent à faire une petite fixette sur l’intérêt stratégique du lieu mais autorisent tout de même, les Bisontin(e)s à s’y balader. Et dès 1770, sous la direction de l’architecte Bertrand, Chamars devient une vraie promenade : « la plus belle (…) que jamais ville de guerre ait enfermé dans son enceinte » pour balancer une citation dont, honnêtement, on ne se souvient plus dans quel bouquin on l’a chopée. Paraît-il même qu’il y avait des bains publics avec portique à colonnades, une volière avec des oiseaux, aussi exotiques pour quelques uns que le petit pavillon d’inspiration chinoise posé là… La statue du général d’Empire Pajol érigée en 1864 a été fondue en 1942 (et on se dit que pour un militaire de carrière, il n’a pas du se retourner dans sa tombe à savoir sa statue utilisée pour fabriquer balles et obus …) et tout le reste a été effacé par les siècles et la mauvaise idée de quelques urbanistes des Seventies de bitumer un immense parking à Chamars et d’y construire, entre autres bâtiments qui n’ont pas terriblement bien vieilli, le commissariat. Restent deux immenses vas(qu)es de 1781 signées du sculpteur Boutry, une fontaine à jet d’eau de 1855, quelques arbres largement séculaires et toujours cette superbe allée, flanquée des bastions de Vauban où s’offrir un agréable aller retour au son des enceintes Bluetooth des basketteurs et autres skateurs qui dunkent ou rident en contrebas.

La discrète Henriette au long de la promenade. © La Cédille.
✪ Promenade Chamars : bordée par le boulevard Charles-de-Gaulle ou l’avenue du 8 mai 1945 (La Boucle). Pour l’accès, si tu n’habites pas le centre, le choix est vaste puisque les deux lignes de tram comme un paquet de bus (les lignes 4,6,9 et 10 entre autres) marquent un arrêt au Pôle Chamars.
